Responsabilité sociale en santé et accréditation des institutions

27 février 2024

Un projet mondial prometteur qui ouvrirait la voie avec la faculté de médecine

La société est en intense mutation face aux défis observés mondialement sur le plan politique, économique, social, culturel, environnemental et les systèmes de santé sont à la peine un peu partout dans le monde pour répondre adéquatement aux besoins prioritaires de la société. Le besoin d’une refondation du système de santé est évoqué dans de nombreux pays, impliquant en même temps une sérieuse introspection sur les missions des grands acteurs de santé qui animent le système de santé. Le cœur du concept de responsabilité sociale est précisément de mobiliser ces acteurs identifiés dans le « pentagone du partenariat » : autorités publiques, organisations de santé, institutions académiques et écoles, associations professionnelles et société civile, pour une meilleure contribution à améliorer la santé de la société. Voir dans ce numéro le schéma « 3-4-5 » qui définit la responsabilité sociale en santé.

C’est dans cet esprit que s’est créé le groupe « International Social Accountability and Accreditation Think Tank » (ISAATT), sous l’égide initiale de l’AFMC (Association des Facultés de Médecine du Canada) dans le but de « créer un mouvement pour une initiative mondiale afin que les systèmes d’accréditation des facultés de médecine soient dorénavant conçus et utilisés pour mieux répondre aux besoins et défis prioritaires de santé, aujourd’hui et à l’avenir ». En ciblant les mécanismes d‘accréditation d’une institution académique, cette initiative cherche courageusement à redéfinir le paradigme d’excellence en fonction des réalités et exigences de la société. Cette initiative, si elle peut se développer comme prévu, aurait une influence sur la gouvernance de l’Université et progressivement sur les autres grands acteurs du système de santé. Ce projet est manifestement de nature à la fois politique, sociétale et professionnelle car il cherche à terme à promouvoir des transformations institutionnelles importantes.

Actuellement ce projet mondial en est à ses préparatifs, guidés par trois groupes de travail appliqués à l’élaboration de normes, le plaidoyer et le développement des capacités. Ces groupes de travail communiquent actuellement en anglais, et ont comme quartier général la Faculté de Médecine du Nord de l’Ontario, au Canada, avec comme point de contact un médecin bilingue, le Dr. Erin Cameron. Une des initiatives les plus avancées est la préparation d’une enquête auprès de toutes les organisations impliquées dans l’accréditation des facultés de médecine dans le monde, au terme de laquelle devrait être publié un « consensus mondial sur l’accréditation et la responsabilité sociale », contenant des directives stratégiques pour faire évoluer la nature de l’accréditation qui reste aujourd’hui trop centrée sur la conduite d’activités avec un moindre intérêt sur les répercussions qu’elles sont susceptibles d’avoir ou auront sur la santé de la population.

Le cadre conceptuel qui sera proposé pour revisiter les normes et processus d’accréditation sera présenté dans un prochain numéro du bulletin RIFRESS. Il sera déjà évoqué lors du congrès international du RIFRESS qui se tiendra à Strasbourg du 2 au 4 mai 2024 sur le thème : « L’Université engagée dans notre société ». Plus d’informations sur le site du congrès.

 

*Boelen C, Blouin D, Gibbs T, Woollard R. Accrediting excellence for medical school’s impact on population health, Education for Health, Sept 25, 2019.